L’Allemagne par les livres : La petite-fille de Bernhard Schlink


De Bernhard Schlink, j’avais adoré Le liseur (Der Vorleser), un roman sur la relation que les Allemands nés après la guerre entretiennent avec des parents qui se sont rendus coupables ou complices de crimes de guerre.

Son dernier roman, La petite-fille (Die Enkelin), sorti en Allemagne en 2021 mais en France en février 2023, est tout aussi touchant et passionnant. Il aborde le thème des liens familiaux, de la confrontation est-ouest, encore très présente aujourd’hui en Allemagne et de la problématique des groupuscules d’extrême-droite qui se développent dans les anciens Länder de RDA.

Kaspar, 71 ans, mène une vie tranquille à Berlin et exerce avec passion son métier de libraire, s’occupant de son épouse Birgit, alcoolique et instable psychologiquement. Il l’a rencontrée en 1964 à Berlin est, lors d’un bref printemps d’insouciance entre étudiants des deux côtés du rideau de fer et a organisé sa fuite vers l’ouest
Birgit a vécu aux côtés de Kaspar, cherchant sa place de différentes manières, mais n’a jamais vraiment réussi à s’adapter à la vie qui lui était offerte à l’ouest.
Un soir, Kaspar la retrouve sans vie dans la baignoire. S’est-elle suicidée ?

En parcourant ses affaires personnelles, sur la demande d’un éditeur avec qui elle avait été en contact, Kaspar découvre un manuscrit dans lequel elle raconte sa rencontre avec son futur époux et apprend que sa fuite de RDA l’a arrachée à davantage de liens qu’il ne l’avait jamais imaginé. En l’occurrence, elle a abandonné une fille à la naissance, juste avant de quitter la RDA, ne souhaitant pas renoncer à sa fuite, et n’a jamais osé la rechercher après la chute du mur. 

Kaspar se lance à la recherche de cette fille disparue, une quête qui va le rapprocher de Birgit mais également de sa petite fille par alliance
Cette petite-fille, Sigrun (14 ans), qui entre soudainement dans la vie de Kaspar, vit avec ses parents dans un village du nord-est de l’Allemagne, au sein d’une communauté de colons völkisch, cultivant les traditions nationalistes et dont le modèle repose sur les idées du Troisième Reich.

Kaspar va tenter, avec beaucoup de patience et d’écoute, d’offrir à Sigrun une autre vision du monde, de l’ouvrir à la culture et d’élargir son champ d’expériences pour la libérer de ce milieu sourd et xénophobe.

Ce roman passionnant aborde la question d’un dilemme fondamental en Allemagne aujourd’hui, celui du refus de devoir de mémoire et du déni du lourd passé de l’Allemagne, dans certaines couches de la société allemande, en particulier à l‘est du pays,
Bernhard Schlink suggère que l’affrontement politique et le mépris des ruptures entre est et ouest provoquées par la réunification, poussant certains ex-Allemands de l’est à s’engager dans la voie de l’extrême-droite, n’est pas toujours la bonne solution. La communication, l’acceptation des différences et l’éducation, notamment de la nouvelle génération, est une tâche primordiale.

Pour la petite anecdote, Schlink a lui aussi participé à une rencontre avec des jeunes à Berlin-Est en 1964 et aurait aidé une jeune femme, dont il était tombé amoureux, à s’échapper de la RDA en lui fournissant de faux papiers.

Un commentaire Ajoutez le vôtre

  1. Marcel Richa dit :

    Je vous remercie pour avoir attiré mon attention sur la parution d’ un nouveau livre de Monsieur Schlink auteur que j’ apprécie.

    Aimé par 1 personne

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