Exposition « Otto Dix – Der böse Blick », au K20 jusqu’au 28 mai 2017 (prolongé) !

Que l’on apprécie ou non l’œuvre d’Otto Dix, un peintre longtemps négligé de son vivant mais un des plus grands artistes allemands du 20ème siècle, l’exposition qui lui est consacrée au K20, intitulée «Der böse Blick» (l’œil du mal), est incontournable.

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Cette exposition célèbre la période très créatrice voire explosive du peintre, lors de son séjour à Düsseldorf de 1922 à 1925, alors qu’il est invité par la galeriste Johanna Ey (dont on peut admirer le portrait sur un des tableaux exposés). Ce fut une des périodes les plus importantes de l’artiste, celle au cours de laquelle il a développé ses thèmes et sa technique. Une impressionnante galerie de portraits, d’aquarelles, de dessins et de gravures attend le visiteur.

Otto Dix und Johanna EyD¸sseldorf 1923
Otto Dix und Johanna Ey Düsseldorf 1923

Otto Dix appartient au mouvement «Nouvelle objectivité», une forme de réalisme s’inscrivant dans le courant expressionniste, montrant la société telle qu’elle est, en toute objectivité.
Un grand nombre d’autoportraits et de portraits de personnes influentes des années 1920, présentées de façon souvent caricaturale, illustre l’insouciance et les travers de la société de l’époque. Le tableau phare de l’exposition est le portrait d’Anita Berber, une danseuse qui se produisait nue dans les cabarets, reflet de l’époque scandaleuse des années folles (en savoir plus sur Anita Berber ici). Beaucoup de ces portraits disparaîtront malheureusement en 1933, Otto Dix appartenant à la longue liste des peintres catalogués artistes « dégénérés » par les nazis.

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Bilnis der Tänzerin Anita Berber

L’exposition est organisée en petites salles semi-ouvertes qui donnent l’impression de pénétrer dans des chambres secrètes où règne l’intimité.

Car, à côté des portraits, sont exposés des dessins et aquarelles illustrant des matelots, des filles de joie, le désespoir dans les « bordels », le suicide, le crime sexuel, le sadisme…. on est confronté à des corps tentateurs, malades, éventrés ou décrépis par la vieillesse, des œuvres qui peuvent parfois paraître provocantes, à la limite du dérangeant. Certaines ont d’ailleurs fait l’objet d’actions en justice dans les années 20, l’artiste ayant été finalement acquitté.

Ces tableaux dépeignent non seulement la fièvre et la décadence de la société de l’époque mais également l’état d’esprit sombre du peintre au lendemain de la première guerre mondiale. On a affaire à un homme tourmenté, qui a enduré les tranchées et la vie terrible de combattant.

Engagé volontaire au début du conflit, le peintre découvre rapidement l’horreur et la souffrance qu’il cherchera à exprimer par ses peintures. Loin d’exalter l’héroïsme, il dénonce la sauvagerie destructrice des combats, la réalité des souffrances et les effets de la guerre sur l’homme, la nature et le patrimoine.
En 1924, Il fait paraître le portfolio de gravures, «Kriegsmappe» (La Guerre), une série de 50 petites planches réalisées pendant le conflit et retraçant l’abomination. Elles sont exposées dans une salle à part (à gauche de l’accueil du musée), des gravures très sombres, réalisées au trait avec une grande précision… accrochez-vous, le réalisme est parfois effrayant !

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Le soldat blessé ©Otto Dix

Une partie de l’espace principal est réservé à des dessins et aquarelles enfantins et photos sur les Koch, la famille de Martha, l’épouse d’Otto Dix. On peut aussi admirer l’exceptionnel livre pour enfant «Bilderbuch für Hana» que le peintre réalisa en 1925 pour sa belle-fille Hana (fille de Martha et de son ex-mari Hans Koch). Cet album fut découvert très récemment par deux galeristes de Düsseldorf. Voir une vidéo ici (Arte TV).

Enfin de nombreuses photos de l’artiste ainsi que des documents écrits et des petits films témoignent de l’époque et de la vie d’Otto Dix.

Un livret distribué à l’entrée vous permet de lire, pendant la visite, une description en allemand ou en anglais des tableaux principaux.

Bref, une exposition à voir absolument mais attention, de préférence sans enfants !

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Otto Dix, Der böse Blick
Du 10 février au 28 mai 2017
K20, Grabbeplatz 5, Düsseldorf
Site officiel

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