Silvia Tennenbaum nous offre ici un grand roman de style proustien dans lequel elle conte le destin des membres d’une famille juive de Francfort de 1903 à 1945.

La famille Wertheim est une famille riche, intégrée, aux préoccupations souvent futiles, participant activement à la vie économique et culturelle, une famille avant tout allemande, peu pratiquante, qui fête Noël tous les ans dans une des plus belles demeures de Francfort… une famille qui va peu à peu être confrontée à un antisémitisme croissant et devoir lutter pour sa survie. Certains des protagonistes parviendront à quitter l’Allemagne, d’autres vivront des heures tragiques.

On ne peut s’empêcher de penser au roman de Stefan Sweig, Le monde d’hier (en savoir plus) ou à celui de Thomas Mann, les Buddenbrook, le déclin d’une famille… Les rues d’hier a été publié pour la première fois en 1981 puis redécouvert en Allemagne en 2012 et en France en 2016.

Née en 1928 à Francfort, réfugiée aux Etats-Unis en 1938 avec sa famille, Silvia Tennenbaum a travaillé pendant des années sur ce grand roman qui mêle souvenirs personnels et destin tragique de ses contemporains.

Malgré quelques longueurs au cœur du roman, en particulier sur les rivalités et amours déçus des jeunes filles de la maison, j’ai beaucoup aimé ce récit qui témoigne du rôle important des juifs dans la vie économique, artistique et culturelle de l’Allemagne et démontre, encore une fois, qu’on ne peut dissocier l’histoire allemande de l’histoire des juifs allemands.